Pas de vacances pour Papa

On dit souvent que je râle, mais c’est faux. Je suis juste un peu précis, pragmatique, et surtout, j’aime un truc presque autant que mes enfants : la tranquillité. Cette semaine, je suis en vacances à la plage, en Bretagne avec mes deux enfants. Leur maman est restée à Paris car elle n’a pas pu prendre de vacances. Je lui fais donc un petit rapport détaillé des premiers jours écoulés, sous forme de récit que voici.

« Papaaaa, on arrive quand à la plage ? ». Ça, c’est la question favorite de la petite dernière. Jade a 5 ans et on a beau faire le même trajet tous les jours de la maison à la plage, qui se situe à 10 minutes à pieds, rien n’y fait, elle me demande inlassablement, chaque jour, la durée du trajet.

« On arrive dans à peu près deux heures », réponds-je alors ironiquement. Ah mais zut, elle pleure, elle trouve ça trop long, deux heures. Alors je suis obligé de lui expliquer pour la huitième fois que non, on ne mettra pas deux heures, mais bien dix minutes. Comme hier, comme avant-hier, comme demain. À ce moment-là de ma journée, j’ai déjà perdu 10% de mon énergie.

Une fois bien installés sur la plage, Joris, le plus grand, qui a 8 ans, me harcèle pour jouer à la pétanque. J’adore la pétanque, mais sur la plage, ce que je préfère, c’est lire et dormir. Mais bon, leur bonheur m’importe, alors va pour la pétanque. Problème : il sait jouer à ce jeu à peu près aussi bien que je sais piloter une navette spatiale. Résultat, je prends une boule sur l’orteil, l’autre dans le dos, et la vieille dame allongée sur son fauteuil un peu plus loin confisque immédiatement celle qu’elle vient de recevoir sur les genoux. C’est inexorable, j’ai gaspillé 45% de ma jauge d’énergie du jour.

Et si on allait prendre l’apéro au Grand Large, ce petit bar restaurant très sympa juste au-dessus de notre tête, sur la promenade de la plage ? Banco, 18h15, on y est. Pour Jade ce sera un diabolo fraise, euh… non, un jus d’orange, oh et puis non, elle veut une menthe à l’eau finalement. Le serveur semble encore moins patient que moi mais… c’est son métier. Alors il reste poli et souriant. Joris, lui, a déjà détalé pour rejoindre deux copains sur la promenade, n’oubliant bien évidemment pas de bousculer tout le monde sur son passage supersonique. Sa maman et moi l’avons pourtant bien éduqué ! C’est incompréhensible ! Arghh allez, je suis obligé de laisser la moitié de mon verre de rosé sur la table et d’aller le chercher, direction la maison. Batterie vidée à 80% !

Au dîner, ça se calme. Ils ont une faim de loup et semblent fatigués après cette journée à avoir érigé châteaux de sable et autres montagnes de chapeaux chinois (vous savez, ces coquillages en forme de… chapeaux chinois). Tout se passe bien, jusqu’au moment où l’assiette de Jade tombe sur le pied de Joris alors qu’elle débarrassait gentiment. Pas de bol, c’est le mauvais pied, celui de son coup de soleil, qu’il n’aurait pas pris si Jade n’avait pas vidé la crème solaire dans les toilettes le matin-même, bref. Joris hurle, enguirlande sa sœur. Elle se met à pleurer. Je le gronde, lui dis de se calmer. Je soigne le pied de mon grand tout en consolant la petite, que je sermonne aussi sur sa maladresse. Heureusement qu’il est 21h45 déjà, car mon réservoir d’énergie est épuisé à 95%.

Vient enfin l’heure du coucher. Je leur raconte une histoire, les embrasse, leur souhaite une bonne nuit. En repartant de la chambre, je leur adresse un dernier regard avant Morphée. Ils dorment déjà, un léger sourire aux lèvres que j’aperçois grâce au halo de lumière qui pénètre par la fenêtre. On peut entendre la rumeur des vagues au loin. En un éclair, mon cœur s’emplit d’énergie. Il me faut une seule seconde et toute la force de cette vision pour qu’elle remonte à 100%. 

À demain.

Photo : @haiikie

Publié le Ecrit par Arnaud