Stéphanie Couturier : Le bébé de la famille recomposée

 

Chez émoi émoi, on aime parler de ceux qui nous apportent beaucoup. Stéphanie Couturier est sophrologue et psychomotricienne. Spécialiste des émotions de nos enfants, elle a participé à nos lives sur la question. Et vous l’avez adorée. Ensemble nous avons parlé de sa famille recomposée et de ce bébé en commun, 9 ans après sa rencontre avec Julien. 

 

“On a choisi de s’installer très rapidement sous le même toit tout en respectant au mieux les relations des enfants. On trouvait cela compliqué de construire notre couple en ayant une famille chacun de notre côté. »

 

Recomposer une famille

“J’ai deux fils de 17 ans et 12 ans d’une précédente union. Mon mari a lui deux filles de 16 ans et 14 ans. Il y a 9 ans, quand on s’est rencontrés, nous  avions deux points communs : des enfants des mêmes âges et une déception sentimentale. On s’est rencontrés sur Adopte un Mec sans avoir le profil de ce genre de site. Même si nous n’étions clairement pas prêts à entamer une relation, on a tout de suite su que cela pouvait fonctionner entre nous. Et nous avons très vite eu envie d’élever nos enfants ensemble. Ce n’était pas un projet à deux. C’était un projet à six. Néanmoins, en ayant les enfants avec nous une semaine sur deux, nous avions l’espace pour construire notre vie de couple tout en nourrissant, en parallèle, une vraie histoire de famille.” 

 

 

 

Construire, ensemble

“On a choisi de s’installer très rapidement sous le même toit tout en respectant au mieux les relations des enfants. On a eu quelques critiques de la part de notre entourage mais on trouvait cela compliqué de construire notre couple en ayant une famille chacun de notre côté. Nous étions l’un et l’autre des piliers dans nos parentalités et nous avions besoin de nous impliquer. Dans les familles recomposées, beaucoup de parents décident de ne pas intervenir dans les décisions qui concernent leurs beaux-enfants. Nous, on n’a pas respecté ce schéma parce que cela fait partie de nos tempéraments. Quand j’achète des vêtements pour mes fils, j’en achète pour mes belles-filles, naturellement. On a intégré psychiquement nos beaux-enfants dans notre constitution familiale. » 

 

« Quand on s’est mis en couple, les enfants ne sortaient pas des mêmes schémas (…). On a choisi de s’occuper de tout le monde en même temps. Ça n’a pas été facile, il y a eu des rapports parfois compliqués mais aujourd’hui on gagne ce que l’on a investi au début. »

 

La rencontre entre les enfants

« Depuis toujours, il y a deux équipes : les grands et les petits avec dans chaque team un garçon et une fille, et des chambres à partager. Chez nos aînés, qui avaient 8 et 9 ans, il n’y a pas eu de coup de foudre ou de rejet. Ils se respectaient mais étaient déjà très différents. En grandissant ils ont su créer des liens et sont très proches aujourd’hui. Chez les petits qui avaient 3 et 5 ans, l’entente fut fraternelle dès le début. Aujourd’hui, ils n’abordent pas leur adolescence de la même manière ou au même rythme, mais la complicité reste intacte. 

Quand on s’est mis en couple, les enfants ne sortaient pas des mêmes schémas. Mes enfants avaient subi pas mal de disputes de couple dans le passé alors que mes belles-filles sont tombées des nues au moment de la séparation. On a choisi de s’occuper de tout le monde en même temps. Ça n’a pas été facile, il y a eu des rapports parfois compliqués mais aujourd’hui on gagne ce que l’on a investi au début. »

 

« Il y a 4 ans, je suis tombée enceinte et ça a été un cataclysme. Ni mon mari ni moi n’étions prêts à nouvelle possibilité familiale. Il se trouve que j’ai fait une fausse-couche rapidement. Mais cette expérience a ouvert un questionnement : Est-on certains de ne pas vouloir d’enfant ensemble ? »

 

 

Et faire un enfant tous les deux ?

Quand on s’est rencontrés et qu’on a su qu’on allait vivre une histoire sérieuse, on s’est tout de suite dit que nous n’aurions pas d’enfants ensemble. Cette histoire-là était derrière nous.  Ce qui me chagrinait néanmoins était que Julien n’avait pas pu vivre le désir d’avoir un enfant. Dans son histoire de parentalité, les deux grossesses de sa compagne avaient été imposées. Il n’avait pas été consulté. De mon côté, j’avais un vieux schéma en tête qui me laissait penser que mes enfants devaient avoir le même père. Les années ont passé, on avait beaucoup de sujets à traiter, notre intimité à préserver. On est tous les deux très sportifs, je me suis plongée par ailleurs dans l’écriture. Et puis, il y a 4 ans, je suis tombée enceinte et ça a été un cataclysme. Ni mon mari ni moi n’étions prêts à nouvelle possibilité familiale. Il se trouve que j’ai fait une fausse-couche rapidement. Mais cette expérience a ouvert un questionnement : Est-on certains de ne pas vouloir d’enfant ensemble ? Je lui ai dit que je voulais que l’on traverse cette question et qu’on réfléchisse sur le sujet. Je ne voulais pas me réveiller à 50 ans en ayant des regrets. On est allé voir un psy pour en parler. J’attendais de ce travail qu’il me fasse passer à autre chose de façon objective. Et contre toute attente, mon mari a changé son regard. Il m’a dit : “On s’aime, on élève nos enfants ensemble, on s’admire. Ça fait sens de faire un enfant ensemble.” Je n’en revenais pas ! Je trouvais ça beau mais passer à l’acte, c’est autre chose ! On a terminé ce travail puis nous n’en avons pas  reparlé. Quelques mois plus tard, en pleine randonnée, après de longues heures à marcher ensemble,  je lui ai dit : “Il faut que l’on reparle de ce sujet. J’ai 42 ans, on s’est dit qu’on aimerait faire un enfant ensemble. Que fait-on ?”.

« Avoir un enfant un peu plus tard est une merveille. On est hyper joyeux. J’ai l’impression que les craintes de bien-faire ou les peurs n’ont plus lieu d’être, on est juste dans le plaisir du moment. »

 

Un projet familial 

Julien était toujours emballé par ce projet. Je rêvais d’un petit Taureau, pour cela on s’est dit qu’on tenterait pile au bon moment, six mois plus tard. Bingo ! Je suis tombée enceinte en juillet 2021. Dans la foulée, on partait en famille au Mexique. Les enfants l’ont appris à ce moment-là. Mon mari a reçu un appel d’une réservation de plongée qu’il a mis sur haut parleur et la personne a confirmé l’annulation de ma place suite à ma grossesse… devant les enfants ! Ils étaient tellement heureux. C’est devenu un projet familial…Rien de plus naturel pour nous. 

 

L’arrivée du bébé

Notre bébé est né fin avril, un petit taureau ! Il a 4 frères et sœurs qui le chérissent et le chouchoutent et des parents complètement dingues de lui. Avoir un enfant un peu plus tard est une merveille. On est hyper joyeux. J’ai l’impression que les craintes de bien-faire ou les peurs n’ont plus lieu d’être, on est juste dans le plaisir du moment. Et puis, le temps passé avec lui n’est pas en concurrence avec le travail. On a suffisamment fait nos preuves aujourd’hui pour en profiter pleinement !

 

 

 

 

Publié le Ecrit par Tifenn